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Dossier : Trouver un repreneur, mission parfois difficile en Formule 1

La mise en redressement judiciaire de Manor Racing, avec une possible liquidation si aucun repreneur n’est trouvé à temps, nous rappelle que rester en Formule 1 est très difficile. Ferrari est là depuis 1950, Mclaren, 1966, Williams, 1969 en tant qu’ écurie et 1975 comme constructeur. Voilà pour les plus anciennes.

Pour les autres équipes du plateau, l’histoire est plus récente. Renault est bien arrivé dès 1977, mais a régulièrement déserté le championnat. La formation actuelle Renault F1 est née de Toleman en 1981 puis Benetton. Sauber a participé à son premier championnat de Formule 1 en 1993. Red Bull est arrivée en 2005 suite au rachat de Jaguar, elle-même issue de Stewart Grand Prix, arrivée en 1997. Même chose pour Toro Rosso qui a été fondée sur les cendres de la Scuderia Minardi, débutant en F1 en 1985. Force India a eu trois vies avant celle-ci, Jordan 1991-2005, Midland 2006, Spyker 2007. Et même l’écurie championne du monde Mercedes dispose d’ une courte histoire en Formule 1. Présente en 1954 et 1955, Mercedes n’est revenue qu’en 2010, après avoir racheté Brawn GP, héritière de B.A.R./Honda.

Entre-temps, une myriade d’écuries se sont engagées en Formule 1 avant de jeter l’éponge. Et même les succès ne mettent pas à l’abri du fléau…Ainsi, Lotus ou encore Cooper, toutes deux championnes du monde des constructeurs de Formule 1, ne sont plus présentes depuis un certain temps.

Cinq liquidations depuis l’an 2000

Plus récemment, nous avons assisté aux disparitions d’HRT en 2012 et de Caterham en 2014, ce sont, en tout, cinq écuries qui n’ont pas trouvé de repreneur depuis les années 2000. Un chiffre qui peut sembler faible par rapport aux très nombreuses disparitions observées dans les années 90, mais le nombre d’écuries engagées est également plus faible de nos jours.

Prost GP

1976-2001 : Ligier / Prost Grand Prix

L’aventure des « bleus » en Formule 1 débute en 1976 avec l’engagement par Guy Ligier de son écurie en Formule 1 avec le soutien de Matra Sport comme motoriste. Pendant 20 ans Ligier fera vibrer le cœur des fans de Formule 1 en France et ailleurs. 9 victoires, 9 pole positions, 50 podiums, c’est le palmarès de l’équipe tricolore en Formule 1. C’est sur une Ligier qu’Olivier Panis, dernier français vainqueur d’un Grand Prix, a remporté le prestigieux Grand Prix de Monaco en 1996. Mais au début des années 90 que Guy Ligier doit céder des parts de sa formation à plusieurs investisseurs, Cyril De Rouvre en 1992, puis Flavio Briatore en 1994. Les difficultés financières des bleus se poursuivent, c’est alors qu’Alain Prost se porte acquéreur de la petite équipe française pour en faire Prost Grand Prix en 1997. Prost GP débutera en F1 avec une Ligier JS45. Durant cinq ans, Alain Prost, perpétuera l’aventure « bleue » en F1, non sans difficultés. Malgré quelques coups d’éclat, Prost Grand Prix n’arrivera jamais vraiment à retrouver le niveau qu’avait l’équipe dans les années 80. Fin 2001, les sponsors se faisant rare et les caisses étant vides, Alain Prost est contraint de mettre son équipe en vente. Placée en liquidation judiciaire, elle ne trouvera pas de repreneur, hormis un obscur fond, Phoenix Finance Ltd, qui rachète deux voitures et tente de les engager lors de la course en Malaisie. Mais faute de repreneur sérieux pour poursuivre, l’aventure se terminera au début de l’année 2002.

Arrows Grand Prix

1978-2002 : Arrows Grand Prix

Fondée en 1978 par Franco Ambrosio, Alan Rees, Jackie Oliver, Dave Wass et Tony Southgate, Arrows a détenu longtemps le record du nombre de Grand Prix sans victoire, 340. Durant son existence Arrows connaîtra trois vies. La première sera fructueuse en podiums, pour une écurie de milieu de grille. Le budget n’étant pas énorme, Jackie Oliver cherche des investisseurs pour faire fasse aux coûts toujours plus importants de la Formule 1. Il vend la majorité des parts de l’écurie à la société japonaise, Footwork, qui renomme l’équipe a son nom en 1990. Pendant sept saisons, Footwork/Arrows vivotera en fond de grille. Le tremblement de terre de 1995 au Japon et la catastrophe qui en découle mettent Footwork en péril, les Japonais se retirent. Jackie Oliver reprend la main et revend très vite la majorité des parts à l’ancien associé de Flavio Briatore, Tom Walkinshaw. Arrows entre dans sa troisième et dernière vie, TWR Arrows. Tom Walkinshaw tentera de faire d’Arrows un top team en injectant beaucoup d’argent, en engageant Damon Hill en 1997 et en concevant son propre moteur de 99 à 2000. Hélas, la F1 coûte cher très cher. En 2001, l’équipe est au bord du gouffre, malgré l’apport de budget par les pilotes la situation ne s’arrange pas. Tom Walkinshaw s’accroche. En 2002, il tente de vendre son équipe. Les repreneurs ne se bousculent pas devant l’étendue des dettes de l’équipe qui ne terminera pas la saison. Arrows, TWR et toutes les filiales sont mises en redressement judiciaire et liquidées.

Super Aguri

2006-2008 : Super Aguri

Fin 2005, Honda annonce le remplacement de Takuma Sato chez BAR-Honda qui deviendra Honda Racing pendant l’intersaison. Cette annonce provoque un séisme chez les fans japonais de F1. Takuma Sato est en effet une idole au Japon. Devant les menaces de boycott par les Japonais, Honda monte à la hâte une écurie B pour faire courir le Japonais. C’est Aguri Suzuki, ancien pilote de F1 et protégé de Honda, propriétaire d’une écurie au Japon, qui est chargé par le constructeur du soleil levant de mener à bien le projet. L’écurie étant engagée très tardivement début 2006, une course contre la montre s’engage en vue d’aligner deux monoplaces au premier Grand Prix. L’équipe réussira ce formidable tour de force en bricolant une ancienne Arrows de 2002 pour courir. Après une première saison difficile, Super Aguri gagne ses lettres de noblesse en F1 en marquant quatre points et surtout en terminant la saison devant l’équipe usine Honda F1 Racing. Devant les difficultés de faire tourner correctement sa propre écurie et peut-être aussi par mécontentement d’avoir été battu par son équipe B, Honda ferme presque totalement le robinet financier à Super Aguri fin 2007. Aguri Suzuki engage néanmoins son Team pour 2008 en espérant trouver des investisseurs ou un repreneur. Après quatre Grand Prix, Super Aguri se retire définitivement de la Formule 1.

HRT F1 Team

2010-2012 : Hispania Racing Team (HRT)

Adrian Campos, qui a remporté le championnat GP2 series, anti-chambre de la F1, avec son écurie, répond à l’appel d’offres de la FIA en 2009 pour intégrer le championnat de F1. L’équipe est sélectionnée, Campos Meta, commande son châssis auprès du constructeur italien Dallara. La crise financière et immobilière frappe durement le monde et l’Espagne. Meta le principal sponsor de Campos F1 fait faillite fin 2009. Adrian Campos trouve un repreneur quelques semaines avant le début de la saison 2010. L’équipe, renommée Hispania Racing Team, débute donc en Formule 1 avec le budget le plus faible. Malgré des caisses quasi-vides, HRT termine le championnat 11e devant une autre équipe débutante Virgin/Manor. La situation financière est à l’image des résultats en course des voitures, très faible. Jose Ramon Carabante, le patron, vend la majorité des parts à une société financière espagnole au milieu de la saison 2011. Les nouveaux propriétaires présentent rapidement un nouveau logo… Passé le logo rien n’arrivera dans l’équipe ibérique, qui manque cruellement de fond. La saison 2012 se déroulera en fond de grille avec pour seul apport, les sponsors de ses pilotes. À la fin de la saison, la première écurie de Formule 1 espagnole de l’histoire met la clé sous la porte sans trouver de repreneur.

Caterham F1 Team

2010-2014 : Lotus F1 Racing/Caterham

Tony Fernandes, riche hommes d’affaires malaisien, rêve de Formule 1. Il fonde une équipe, Malaysia Racing Team, et répond à l’appel d’offres de la FIA en 2009 sous le nom de Lotus F1 Racing avec le soutien du gouvernement malaisien, via le constructeur Proton propriétaire de la marque Lotus. Lotus F1 Racing est retenue pour intégrer la F1 en 2010. Des trois nouveaux entrant en 2010, Lotus est la mieux lotie financièrement avec le soutien d’un milliardaire, du gouvernement de la Malaisie et d’un constructeur, Proton. L’équipe termine d’ailleurs 10e devant les deux autres nouvelles équipes à l’issue de sa première campagne.

Dès sa seconde saison, Lotus F1 Racing, fera parler d’elle en raison de ses déboires judiciaires, d’avantage que pour ses résultats en piste, malgré des moyens correctes. Tony Fernandes a perdu le soutien du gouvernement malaisien et de Proton/Lotus. Ces derniers sont partis sponsoriser Renault F1. Tony Fernandes, qui souhaitait faire revivre le Team Lotus, conserve le nom de Lotus. La saison 2011 voit donc une équipe Team Lotus et une autre, Lotus Renault, s’affronter en piste et dans les tribunaux, au plus grand désespoir des supporters du Team Lotus originel, qui crient au scandale. Malgré une décision juridique en sa faveur, Tony Fernandes, rachète le constructeur britannique Caterham et renomme son écurie Caterham F1 Team pour 2012.

Ces démêlés politico-judicaires ont considérablement affaibli les finances de l’équipe. Les résultats en piste ne décollent pas. A la mi-saison 2014, soit cinq saisons, Caterham n’a pas marqué le moindre point. Lassé par la Formule 1 et son coût, Tony Fernandes revend son équipe à un consortium d’investisseurs. Nouvelle affaire judiciaire, après quelques semaines, l’argent des investisseurs (qui ont pourtant pris le contrôle de l’équipe) n’est toujours pas arrivé. Tony Fernandes saisit la justice et en récupère les reines. Quelques jours plus tard, cette dernière est placée en redressement judiciaire. Pour participer à la dernière course de la saison, faute d’argent, les dirigeants font appel à un financement participatif. Après le Grand Prix d’Abu Dhabi, financé par des milliers de petites mains, Caterham sera liquidée. Aucun repreneur ne s’étant manifesté.

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