Le Mag Sport Auto

Rallye de Pologne 2014 : Interview de Jourdan Serderidis

Après le Monte-Carlo, la Suède et l’Acropole, Jourdan Serderidis est de retour sur la scène internationale. Cette fois-ci il était engagé au Rallye de Pologne, 7e manche du WRC 2014. Un rallye mythique qui faisait sa 3e apparition au calendrier WRC après 1972 et 2009. Une épreuve à laquelle Jourdan Serderidis avait participé l’an passé. Ce sympathique pilote que nous suivons depuis le début de la saison a, une nouvelle fois, accepté de répondre à nos questions :

LeMagSportAuto : 1/ 30e au général, 13e en RC2, 9e en WRC et avec deux points, êtes vous satisfait de ce résultat au Rallye de Pologne ?

Jourdan Serderidis : En lisant l’entry list, jamais je n’aurai cru pouvoir accrocher 2 points en WRC2. J’avais même écrit que ce serait utopique de l’espérer, ainsi que le top 30. Mais en réalisant une course intelligente, et en étant épargné par les soucis mécaniques, on est parvenu à obtenir notre meilleur résultat en WRC sur un parcours qui représente exactement ce qui ne me convient pas : terre et vitesse.

2/ Pour cette 71e édition le Rallye de Pologne passait par la Lituanie. Suite aux conditions météorologiques deux spéciales ont été annulées, que pensez-vous de ce rallye sur deux pays ? Les spéciales lituaniennes sont elles semblables à celles parcourues en Pologne ?

JS : Tous les pilotes ont trouvé cette journée particulièrement dénuée de sens, avec 400 km de liaison pour 45 km de spéciales et une série de temps morts aberrants. Et tout le monde pouvait prévoir que les spéciales dans les sous-bois allaient se détériorer rapidement, avec ou sans pluie. Le terrain est sablonneux et vraiment soft.

3/ C’est votre deuxième fois au Rajd Polski, le deuxième plus vieux rallye au monde, que pensez-vous de cette épreuve ?

JS : C’est un rallye difficile et très difficile si on veut rouler à la limite. Chaque erreur se paye cash. Une mini-erreur comme celle de Chardonnet équivaut quasi immédiatement à « rallye-2 ». L’ambiance et les spectateurs sont vraiment fabuleux. Et le passage dans les petits villages a vraiment suscité une effervescence unique chez ces gens, très éloignés de la civilisation occidentale.

4/ Le public polonais semble adorer le rallye et être très enthousiaste à l’idée de recevoir le WRC, cela se ressentait-il ?

JS : Évidemment, le rallye avec Kubica, Holowcicz et Solowow, ou le rallye sans eux, c’est très différent. Le podium, par exemple, s’est fait devant une poignée de spectateurs seulement. Personnellement, cela n’a pas la saveur des monuments comme le MC, le Wales ou la Suède.

5/ Beaucoup de pilotes sont partis à la faute dans l’ES14 (Goldap 1), vous y terminez 37e, comment avez vous vécu cette spéciale ?

JS : Goldap était le juge de paix de ce rallye. Je le savais dès les reconnaissances. Cette spéciale est un mélange de tout : du très vite large, des passages vites piégeux, des sous-bois creusés et des enchaînements en sommets. Lors du premier passage (SS14), j’ai eu une fringale après 20 km : je ne pouvais plus me concentrer et c’était la partie en sous-bois : j’y ai perdu beaucoup de temps. Dans la SS19, au deuxième passage, j’ai beaucoup mieux roulé (moins bon temps mais c’était très creusé) : c’était une de mes meilleures perfs sur ce rallye. De manière générale, je me comporte toujours bien sur les spéciales dangereuses parce que je suis moins à la limite que d’autres.

serderidis_pologne2014_2

6/ Vous avez fait un 20e temps dans la SSS Mikolajki Arena 3, appréciez vous ce type de spéciale spectacle ? Peut-on vraiment y faire le show ou doit-on rester tout aussi « prudent » que dans une spéciale traditionnelle ?

JS : Oui c’est clair que j’aime les spéciales show. Ici, sur l’autodrome, la route est très large donc on peut vraiment se permettre beaucoup de choses. On cherche le grip maximum et surtout ne pas casser la vitesse. Par rapport à l’année passée au même endroit, j’améliore de 8 secondes !!!! C’est un pas de géant et si je suis à 2,5s de Bryan Bouffier, c’est que je suis dans le bon. J’ai reçu les félicitations de deux pilotes français qui sont des références en mondial et cela compte beaucoup pour moi…
A ce sujet, j’ai vraiment une grande admiration pour des gars comme Bryan ou Stéphane Lebfèvre, qui sont vraiment des terreurs de car control, mais vraiment ouverts et les premiers à nous respecter à notre niveau. Je suis vraiment impressionné par la gentillesse et la capacité à rester les pieds sur terre d’un gars comme Stéphane, qui survole tout le monde dans sa catégorie. C’est le futur champion, pour moi. Vraiment un type à découvrir humainement. Et son approche du rallye, c’est super pro.

7/ Le rallye de Pologne est-il aussi différent des autres rallyes terre que ce qu’en disent certains pilotes polonais ?

JS : Je ne suis pas assez expérimenté pour me prononcer, mais pour répondre à la question de manière malicieuse, j’avais cru comprendre que les ouvreurs étaient interdits sur les rallyes terre ;-). Je ne sais pas si les Polonais le savaient…

8/ Nous sommes à mi saison, quel bilan tirez vous de cette première partie de votre calendrier et quels sont vos objectifs pour la seconde moitié ?

JS : Sans notre problème mécanique en Suède, au niveau arithmétique, on est dans le bon. On savait aussi qu’il fallait apprendre avant tout et que le rythme des meilleurs, ce serait plutôt pour l’année prochaine. Mais sincèrement, je trouve que j’ai passé un cap sur tarmac au rallye de Wallonie. Sur terre, ici, j’ai aussi progressé et je vais aussi améliorer encore mon système de notes. La confiance et le plaisir sont là. What else ?

9/ Volkswagen et Jost Capito semblent pousser la FIA à proposer un WRC plus orienté « spectacle »  (avec notamment la PowerStage pour définir le vainqueur du rallye) qu’en pensez-vous ?

JS : Je trouve que VW domine déjà outrageusement les débats et donc, coupent tout suspens pour le championnat. L’idée de la PS est mauvaise parce qu’intrinsèquement, sur une spéciale, personne ne peut venir les chercher. Par contre, sur la longueur, on peut toujours faire des erreurs, et donc laisser une petite chance aux autres.

10/ Vous avez pratiqué le football pendant de longues années, un petit mot sur la Coupe du Monde ? Pas trop déçu de l’élimination de la Grèce en 8e de finale ?

JS : Pour les Grecs, c’est déjà une belle réussite. Après, cela se joue sur un coup de dés. Mais de toutes façons, je suis tellement content après la Pologne que je vois tout en rose pour l’instant…

Nous remercions, une fois de plus, Jourdan Serderidis pour sa gentillesse et le temps qu’il nous a accordé

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *