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[Màj]Sébastien Loeb a couru à l’aveugle en WRC : interview exclusive

Sébastien Loeb est probablement, avec Alain Prost, le pilote Français le plus populaire de tous les temps, et pas uniquement chez nous…Mais l’Alsacien s’est également illustré en réussissant ses passages dans toutes les catégories, un peu à la façon d’un Michel Vaillant -le héros de la célèbre BD du même nom. Rallye WRC mais aussi, 24H du Mans, Formule 1, Wtcc, GT ou plus récemment, Wtcc et Rallye-Raid, “Seb” est véritablement un pilote hors norme qui continue de fasciner de nombreux fans de par le monde.

Sébastien Loeb : Un récit hallucinant…

Afin de partir à la rencontre du “phénomène” Sébastien Loeb, nous vous proposons une interview exclusive du nonuple champion du monde de Rallye, entretien proposé par le site The Red Bulletin (Werner Jessner). L’occasion de revenir sur cet incroyable Rallye WRC au Pays de Galles (épreuve nocturne) alors que le Français n’avait plus de phares, qu’il pleuvait et qu’un épais brouillard compliquait encore sa tâche. C’est ainsi uniquement grâce à la lumière de la lune et aux notes avisées de son compagnon de toujours, Daniel Elena que le champion qu’il est a finalement regagné l’arrivée…

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Un entretien au cours duquel Sébastien Loeb revient également sur sa future aventure au Paris-Dakar. Voici, sans plus attendre, le contenu de cette interview passionnante.

The Red Bulletin : Que vois-tu lorsque tu penses à ce virage ?

Sébastien Loeb : Deux dos d’âne qui corsent encore plus l’affaire.

Tu veux dire que tu vois les virages en trois dimensions ?

Je ne sais pas si je les vois vraiment. Quand je suis au volant, je mobilise des informations que j’ai enregistrées lors des essais.

Tu connais tous les tracés par cœur ?

Pour ce qui est des courses sur circuit, oui, évidemment. J’ai aussi appris le Pikes Peak par cœur. Et j’ai  intégré le parcours de certains rallyes, surtout ceux qui ont un paysage varié. Je m’oriente en utilisant les dos d’âne, les arbres, les fleuves comme points de repère. J’ai toujours eu des facilités pour ça.

Tu pourrais aussi conduire en aveugle ?

Je l’ai déjà fait. C’était à l’occasion d’une étape en nocturne du rallye du Pays de Galles. J’avais rencontré de gros problèmes avec mes phares. L’un louchait vers le ciel, l’autre vers le côté. Il pleuvait et il y avait du brouillard. C’était horrible. C’est pourquoi j’ai éteint les phares… et j’ai terminé cette spéciale dans le noir.

Sans aucune visibilité ?

« Mieux vaut pas de lumière du tout qu’une mauvaise lumière. La lueur de la lune était suffisante pour me permettre de distinguer le bord de la route, vaguement, et j’ai complété le reste du parcours dans ma tête. Les instructions de mon copilote me permettaient de vérifier l’exactitude des images projetées dans ma tête. »

Est-ce que ça signifie que tu peux voir avec tes oreilles ?

Ce que tu entends te permet d’affiner ce que tu vois, ou plutôt ce que tu crois voir.

L’image gagne en profondeur. Les skieurs ne se contentent pas de voir une plaque de glace, ils l’entendent aussi. Le son de la glace est différent de celui produit par la neige. Ça fonctionne de la même manière chez moi : quand ce que j’entends ne correspond pas à ce que je vois ou à ce que j’avais prévu, je passe en mode alarme. Sauf que dans mon cas, les instructions de mon copilote remplacent le bruit des skis sur la glace.

Tu es seul au volant. Quelle voix écoutes-tu ?

Pas forcément celle de mon copilote. Plutôt la mienne, je pense.

Pour courir le prochain Dakar en janvier 2016, il s’agira d’avoir un regard qui porte loin tout en ne perdant jamais de vue son environnement immédiat. Un œil cherche le chemin tandis que le copilote en énonce vaguement les contours, mais sans pouvoir le décrire en détails, virage après virage, pierre après pierre. Cette voix qui résonne comme un lointain murmure dans la tête du pilote lui sert tout au plus à confirmer ses impressions visuelles. « C’est vraiment très éprouvant. Tu dois gérer trop d’informations en même temps. La température extérieure est de 40 degrés, et dans la  voiture, elle atteint 60 degrés, le cerveau fonctionne en permanence sur deux pistes parallèles. Et il suffit d’une erreur pour que tout s’arrête. C’est impossible de tout voir aussi vite.»

[Màj] 04/12/2015 : voici quelques visuels exclusifs de Sébastien Loeb illustrant son futur au Dakar avec Peugeot.

CREDITS: Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool

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