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F1 et WRC : destins croisés chez Peugeot Sport

Peugeot sport

Entre Formule 1 et Rallye, la fin des années 2000 aura été mouvementée pour Peugeot Sport. Réussite éclatante en WRC, échec cuisant en F1, retour sur cette période contrastée et quelque peu…mystérieuse !

Peugeot Sport : C’était il y a 20 ans (déjà!)

Alors que le tandem, Prost-Peugeot vivotait depuis le début de saison 1998, Jean Martin Folz, président d’alors de PSA, avait jugé bon de lancer un nouveau programme mondial en Rallye, afin d’accompagner le lancement commercial de la future star de la marque: la 206, qui doit reprendre la place de feu la 205 et laissée vacante par le tandem 106-306.

Peugeot qui est alors sur une dynamique commerciale forte, n’a plus de projet sportif d’envergure mondiale depuis l’arrêt du programme 905 fin 1993, seul subsiste un statut de motoriste en Formule 1 avec successivement McLaren (1994), Jordan (1995-1997) et Prost (1998-2000).

Alain Prost réagit très mal à cette annonce, c’est comme si Peugeot lui savonnait la planche (du contrat de motoriste initial de Jacques Calvet (5 ans et moteur gratuit) on passe à celui de Jean-Martin Folz (3 ans payant), il ne peut prendre qu’acte de la décision de Peugeot de se lancer dans cette nouvelle campagne mondiale. Le quadruple champion du monde de Formule 1 sait mieux que personne, qu’un Championnat du Monde de F1 demande une adhésion totale des partenaires dans un projet de cette envergure, et que toutes les énergies doivent y être entièrement consacrées.

Le projet de la 206 WRC est confiée à Michel Nandan. La 206 débute en Corse 1999 pour un programme partiel de quatre Rallyes, avant un championnat complet en 2000. Aucune course remportée en cette saison 1999, mais des victoires en ES, la 206 est bien née et de belles promesses avec. La saison 2000 est la première campagne mondiale complète de Peugeot en Rallye depuis les titres pilote et constructeur avec Juha Kankunnen et la 205 Turbo 16.

Une étonnante panne mécanique…

L’objectif n’a jamais été aussi clair : remporter les deux titres de Champion du Monde. Comme chaque année, l’ouverture de la saison se fait à l’occasion du Rallye Monte-Carlo. Lors de la première étape, Tommi Makinen (Mitsubishi) est  leader, suivi de l’Anglais Richard Burns (Subaru) et du Français Gilles Panizzi (Peugeot). Pour la deuxième étape,  le départ est donné de Tallard. Pour Peugeot, c’est le pire des matins : Aucune des trois 206 WRC ne démarre en ce matin froid et humide. C’est l’abandon pour les trois équipages Peugeot, la douche écossaise. Delecour, Panizzi et Gronholm font tapis à Monte-Carlo et perdent toute leur mise. Tommi Makinen remporte le Rallye pour la troisième fois sur sa Lancer.

Les images font le tour du monde, le coup est rude pour Peugeot lors de cette manche inaugurale, pas même le temps de montrer que les Lionnes sont dans le coup. «Je n’y comprends toujours rien, explique l’ingénieur Michel Nandan, directeur technique de Peugeot Sport. Au Monte-Carlo, mais aussi en Suède, nous avons laissé notre auto d’essais dormir dehors sans protection. Le lendemain matin, elle redémarrait sans le moindre problème

Les lionnes n’ont donc pas rugi comme espéré. Elles se rattraperont 15 jours plus tard  en Suède avec la victoire de Marcus Grönholm, puis suivront d’autres victoires en Corse et au San Remo avec Gilles Panizzi, ainsi qu’en Nouvelle-Zélande, Finlande et Australie avec le même Grönholm. Peugeot coiffe sa première couronne mondiale depuis 1986, le Finlandais son premier titre. 2 autres titres suivront pour Peugeot et un  pour Marcus Grönholm en 2002. La 206 WRC s’effacera à l’issue de la saison 2003, supplantée par la Citröen Xsara WRC et son “armée rouge” de ménaciens et ingénieurs, sous la direction de Guy Fréquelin.

L’épopée Loeb-Citroën allait débuter et tout balayer sur son passage. La 206 WRC laisse la place à la 307 WRC en 2004 avant le retrait de la marque fin 2005. Pendant que la Peugeot 206 WRC allait collectionner les victoires lors de cette saison 2000, la lente agonie de l’association Prost-Peugeot en Formule 1 allait se terminer elle, par un zéro pointé.
Corrado Provera, directeur de Peugeot Sport déclara à la fin de cette saison 2000, “il est impossible pour notre public de croire que nous soyons si bons en Rallye et si mauvais en F1“. Il est difficile de le croire en effet. Peut-être apprendrons nous, 20 ans après, la vérité sur cette sombre histoire?

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