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Formule 1 : Mon analyse du GP de Malaisie 2015 à Sepang

Le week-end dernier se déroulait le Grand-Prix de Formule 1 de Malaisie, course qui marquait le retour au sommet de l’écurie Ferrari, capable de battre les Mercedes à la régulière, une première depuis le début de la saison 2014. Car, si Red Bull était parvenu à subtiliser trois victoires aux Mercedes l’année dernière, cet exploit était du aux problèmes de fiabilité des flèches d’argent et à la lutte interne entre Rosberg et Hamilton, comme lors du GP de Belgique (les deux pilotes Mercedes s’étaient alors accrochés dès le début de l’épreuve…).

Une qualification qui brouille les cartes…

Premier point important à aborder, la météo. En qualification, les pilotes ont en effet été confrontés à l’arrivée de la pluie en début de Q2. Conséquence, seuls certains pilotes ont été en mesure de réussir un temps sur une piste sèche. Les Mercedes et la Ferrari de Vettel ont parfaitement géré cette situation, au contraire de Kimi Raikkonen, piégé à ce stade de la qualification.

Puis, sur une piste humide en Q3, Vettel est parvenu à se hisser en première ligne à quelques centièmes d’Hamilton. Cette performance doit néanmoins être tempérée, le britannique n’ayant pu terminer son meilleur tour après avoir été bloqué par Rosberg. Quel aurait été l’écart entre Hamilton et Vettel sans cette déconvenue ? Supérieur, c’est certain, probablement aux alentours de la demi-seconde, voire plus. Difficile de dire également si la Ferrari aurait été aussi fringante sur un sol sec.

De plus, les Williams Mercedes, peu à leur aise sur une piste mouillée, n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer. Une fois encore, il est juste de se demander si Bottas et Massa ne se seraient pas mêlés à la lutte face au Ferrari dans des conditions normales. L’an passé, les Williams étaient en effet les seules à pouvoir rivaliser avec les Mercedes en qualification, notamment sur les circuits rapides…

Ferrari au sommet grâce à la chaleur ?

En course, là encore, il faut avouer que les Ferrari ont bénéficié de facteurs favorables. Car en début de course, après un excellent départ, si Rosberg semblait en difficulté derrière Vettel, Lewis Hamilton pour sa part, s’est rapidement échappé en signant les chronos plus rapides que la Ferrari. L’intervention de la safety-car, suite à la sortie de piste de Marcus Ericsson (Sauber), a offert une première belle opportunité aux hommes en rouge. En ne s’arrêtant pas aux stands au contraire des Mercedes, Vettel prenait en effet la tête de la course.

A partir de là, les Ferrari ont fait étalage de leur gestion de pneus particulièrement efficace sous une forte chaleur, précisément le talon d’Achille des Mercedes, ce depuis plusieurs années. Et c’est ce deuxième facteur qui aura permis à Vettel de s’imposer avec une petite dizaine de secondes d’avance sur la Mercedes d’Hamilton, contraint de terminer sa course en pleus durs (tout comme son coéquipier, Nico Rosberg), faute de stock de gommes médiums en bon état.

En revanche, Raikkonen s’est montré moins brillant que Vettel, en commettant une véritable bourde en qualification, alors qu’il dominait le quadruple champion du monde de Formule 1 jusque-là. Un problème de concentration, comme le soulignait son patron, Arrivabene. Cependant, Iceman s’est rattrapé en course en effectuant une splendide remontée après avoir été touché par une Sauber juste après le départ. Contraint de changer de passer aux stands pour changer de pneus (suite à une crevaison), Kimi remontait jusqu’au quatrième rang, confirmant ainsi que ses mauvaises performances de l’année passée n’étaient plus qu’un mauvais souvenir. Et si la réussite n’est pas encore au rendez-vous, Raikkonen est bel et bien de retour aux avant-postes. Le pilote Ferrari peut ainsi, légitimement, espérer gagner à nouveau un Grand-Prix cette saison…

Une Scuderia en progrès mais…

Ferrari a donc bel et bien progressé en se rapprochant considérablement de Mercedes. L’écart “brut”, à l’avantage des flèches d’argent, se situe ainsi probablement aux alentours de la demi-seconde dans des conditions de piste “normales”. Attention toutefois car les Mercedes restent les monoplaces disposant du meilleur ensemble châssis-moteur, chose qui devrait se vérifier dès la prochaine course, si les températures restent raisonnables. Concrètement, cela signifie que Ferrari disposera de nouvelles opportunités de victoires lorsque le mercure grimpera très haut. Toutefois, Hamilton et Rosberg devraient globalement poursuivre leur domination au moins jusqu’à la mi-saison.

Williams déjà hors course ?

Dans cette chasse aux Mercedes, si les Red Bull Renault semblent trop loin du compte pour le moment, il ne faut cependant pas enterrer les Williams. En difficulté à Sepang (tant sur la piste que dans les stands), quelles que soient les conditions de piste, les FW37 ont le potentiel pour se mêler à la lutte, ne serait-ce qu’en qualification, leur exercice favori depuis la mi-saison 2014. Il faudra également juger de leur véritable rythme de course dans des conditions normales, afin de déterminer leur rang exact face à Mercedes et Ferrari. Une chose est sûre, Williams incarnera au minimum la troisième force du plateau pendant quelques courses encore. Pour la suite, cela dépendra des capacités de développement de l’écurie de Grove, moins à l’aise financièrement que les deux équipes en forme du moment.

Mercedes : avantage décisif d’Hamilton ?

Si Vettel a pris l’avantage sur Raikkonen chez Ferrari, du moins en termes de résultats bruts, chez Mercedes, c’est Hamilton qui semble être parti pour dominer son compagnon d’écurie à la régulière. En pole position à Melbourne comme à Sepang, le champion du monde en titre s’est également montré beaucoup plus solide que l’allemand en course. Mentalement plus fort mais aussi plus concentré, Lewis a largement dominé Nico en Australie comme en Malaisie. Et alors que Rosberg, déstabilisé, s’est à nouveau fourvoyé dans des manoeuvres litigieuses (la qualification à Sepang), son rival n’a pour ainsi dire pas réagi, préférant lui répondre sur la piste. Après la course, Rosberg ne semblait pas digérer sa défaite, préférant accuser son écurie d’avoir opté pour une mauvaise stratégie, plutôt que d’accepter son échec en tant que tel, en particulier face à son grand rival, Hamilton. Un manque de sérénité qui n’a pas quitté Nico depuis le début du championnat du monde de Formule 1 2015, aveu de faiblesse selon moi.

Clairement, je vois mal Nico Rosberg redresser la barre, Lewis Hamilton ayant, à mon sens, plus de possibilités de progression et, toujours de mon point de vue, ce petit plus en matière de vitesse pure et de détermination, un élément caractérisant les grands pilotes de Formule 1 comme Senna, Prost, Schumacher ou Alonso. Et si Rosberg avait fait illusion l’an passé en profitant des problèmes mécaniques d’Hamilton, il ne faut pas oublier que le vice-champion du monde de Formule 1 2014 n’a pour ainsi dire jamais été en mesure de dépasser son coéquipier dans des conditions normales, c’est à dire à parfaite égalité sur la piste. Et c’est sur ce point qu’Hamilton dispose d’un ultime avantage, sa capacité à tenter des dépassements et à la réussir, alors que Rosberg reste très fébrile à ce niveau.

Un dernier facteur pourrait permettre à Hamilton de prendre l’avantage plus tôt que prévu, la stratégie de Mercedes ! Car comme l’a déclaré Toto Wolff il y a quelques jours, le retour de Ferrari pourrait obliger l’écurie allemande à revoir sa copie en matière de stratégie. Alors que les équipes de Rosberg et Hamilton avaient, jusqu’ici, carte blanche pour établir leurs propres stratégies de course, la pression exercée par la Scuderia pourrait inciter la marque à l’étoile à privilégier l’un ou l’autre de ses pilotes pour le bien de l’équipe. Cela pourrait également remettre en cause la sportivité de Mercedes, qui laissait ses pilotes s’exprimer et se battre totalement librement (avec tous les risques que cela comporte) jusque-là.

Red Bull : la déception du week-end

Tandis que Daniel Ricciardo avait livré une bataille honorable en Australie, l’ensemble de l’écurie Red Bull Renault a subi un véritable chavirage en Malaisie ! Très loin du compte sur sol sec comme sur piste mouillée, les Red Bull ont ensuite affiché un rythme en course particulièrement lent pour rétrograder peu à peu dans la hiérarchie au point de se classer derrière les deux Toro Rosso à l’arrivée ! Evidemment, cela prouve que le moteur français est bien loin de porter à lui seul cet échec…Au-delà de ces performances désastreuses, Daniel Ricciardo ait apparu, pour la première fois, comme stressé et inquiet. L’Australien en a même perdu son sourire légendaire et s’est retrouvé en difficulté face à son jeune coéquipier, le Russe Daniil Kvyat. Le voilà désormais dans la peau de Vettel l’an passé, au même stade de la saison…Peu inspiré lors de ses tentatives de dépassements, Ricciardo livrait une course assez brouillonne, ce qui ne lui ressemble pas. Il faut dire que les échanges tendus et peu respectueux entre Red Bull Renault semblent plomber l’ambiance de l’écurie dans son ensemble. La fin d’une époque pour le taureau rouge ? C’est possible…

Mclaren Honda : c’est dur mais ça progresse !

Terminons avec l’écurie Mclaren Honda, qui accueillait enfin Fernando Alonso, dans l’incapacité de participer au premier GP de Formule 1 de la saison. Bien sûr, en qualification, Button et Alonso ont souffert, en échouant dès la Q3. Dans cette bataille de fond de grille, il est à noter que le britannique réussissait déjà un petit exploit en devançant l’espagnol, même si ce dernier était encore diminué. En course, en revanche, nous avons retrouvé du “grand” Fernando, ce dernier ayant tout d’abord dominé son coéquipier, pour se battre avec d’autres pilotes dans les points. Huitième avant son malheureux abandon sur problème mécanique, Alonso a toutefois prouvé que Mclaren progressait, notamment sur les longs relais, en signant des temps proches de monoplaces comme les Force India ou les Sauber. Comparé au GP de Malaisie, il n’y a pas à dire, le pas en avant semble important.

Et cette progression sur la grille va se poursuivre sur les prochains Grand-Prix, à tel point qu’il ne serait pas étonnant de revoir les Mclaren en Q2 dès le retour en Europe, sur le circuit de Barcelone, où Alonso devrait y signer une belle prestation. Reste toutefois à résoudre un problème majeur, celui de la fiabilité, le bloc Honda tardant toujours à tenir le coup sur de longues distances…

 

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