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Formule 1 : Raikkonen et Bottas payent-ils leur trop grande docilité ?

Cela n’aura échappé à personne, lors du dernier Grand-Prix d’Allemagne de Formule 1, les consignes sont venues ternir le tableau, alors que la pluie avait littéralement dynamité la course. Kimi Raikkonen puis, moins habituel, Valtteri Bottas, ont été contraints de se plier au diktat de leurs écuries respectives…

Kimi Raikkonen : se soumettre, encore et toujours…

Alors que, lors du Grand-Prix d’Autriche 2018, Ferrari nous avait laissé croire que ses deux pilotes étaient autorisés à sa battre et à gagner l’un et l’autre, le spectacle auquel nous avons assisté en Allemagne a démontré qu’il n’en était rien, en réalité. Il s ‘agissait donc bien (en Autriche), pour la Scuderia, d’une opération de communication, dont le but était probablement de calmer les tifosis, une partie d’entre-eux affectionnant tout particulièrement Iceman, le dernier champion du monde de Formule 1 au volant d’une Ferrari…

Car, alors qu’il était en tête du Grand-prix d’Allemagne et à peine moins rapide que Vettel -en gommes plus fraîches- Raikkonen a reçu l’ordre de s’éclipser. Une consigne venue tardivement, du fait de l’insistance de Sebastian, alors que les cadres de l’écurie italienne semblaient un peu gênés, sur le muret des stands. Et si le champion 2007 finissait par obtempérer, saluons sa malice, au moment du passage de cette consigne. En effet, après ce message, Kimi demandait à son ingénieur de lui indiquer plus clairement ce qu’il attendait de lui. Des mots qui forçaient ce dernier à lui demander de laisser passer son compagnon d’écurie de manière plus…claire ! Evidemment, la déception était grande pour les fans du Finlandais, qui perdait peut-être la victoire à cet instant. Une fois encore…

Valtteri Bottas : le début de la fin ?

Néanmoins, ces consignes sont presque passées inaperçues, cette-fois, en raison d’un ordre assez similaire, intervenu chez Mercedes. Et si nous avons désormais l’habitude que Kimi s’efface devant Sebastian, du côté des flèches d’argent, la chose est particulièrement rare. Pourtant, à Hockenheim, alors que Bottas disposait de pneus frais supposés lui offrir un avantage considérable sur son coéquipier -alors en tête-, Toto Wolff demandait à son pilote de ne pas attaquer Hamilton…Consigne prononcée juste après que les deux hommes se soient affrontés, pendant quelques virages, quasiment roues contre roues.

Difficile de dire si cet ordre était passé afin de “s’aligner” sur la stratégie de Ferrari ou, plus simplement, pour éviter tout accrochage. Cette seconde possibilité paraît toutefois crédible, compte-tenu du passif, chez Mercedes, entre coéquipiers, pendant l’ère Hamilton/Rosberg. Sur une piste humide, en pneus slicks qui plus est, l’accrochage menaçait, effectivement. Mais en bon petit soldat, Valtteri obéissait et parvenait, même, à conserver son sourire, après la course.

C’est à se demander ce que comporte exactement le nouveau contrat de Bottas, qui pilotera encore pour Mercedes l’année prochaine. Le Finlandais aurait-il été renouvelé en l’échange de sa docilité à l’égard d’éventuelles consignes pour favoriser Hamilton ? Nous ne le saurons probablement jamais, mais la question mérite d’être posée.

Bottas et Raikkonen, obéir pour réussir ?

Seule véritable différence entre les deux Finlandais, l’un conservera son baquet l’an prochain tandis que l’autre pourrait le perdre, si Charles Leclerc venait à être promu chez Ferrari, comme l’annonce la rumeur. Mais dans les deux cas, le fait d’être coéquipier de “stars” comme Hamilton et Vettel paraît les cantonner aux seconds rôles, d’une manière ou d’une autre. Car si, dans le cas de Raikkonen, les choses sont finalement assez claires, dans celui de Bottas, le statut de “second pilote” est moins flagrant. Disons simplement que ses patrons préféreront toujours voir gagner le Britannique, notamment pour des raisons d’image et de retombées commerciales, pour la marque allemande.

Discrimination à l’embauche ?

Au final, qu’il s’agisse de Ferrari ou Mercedes, les deux équipes n’ont pas choisi leur pilote “de soutien” pour rien. Alors, bien sûr, il serait facile de stigmatiser les pilotes finnois en Formule 1. Car, outre nos deux sujets du jour, chacun se souviendra, aussi, d’un certain Mika Salo. En tête du Grand-Prix d’Allemagne 1999, ce dernier avait du céder les commandes à Eddie Irvine, dans l’optique du championnat. Nous pourrions, aussi, parler d’ Heikki Kovalainen, qui semblait subir une forme de désintérêt de ses patrons lorsqu’il évoluait chez Mclaren, aux côtés de Lewis Hamilton. Néanmoins, il suffirait d’évoquer le cas de Mika Hakkinen pour faire voler en éclat cette théorie  allant dans le sens d’une supposée docilité des pilotes Finlandais. Néanmoins, que le pays d’origine des pilotes soit considéré ou non, il va sans dire que le monde de la Formule 1 sait régulièrement abuser de la gentillesse voire, de la naïveté de certains d’entre-eux, afin de favoriser la victoire de leurs camarades plus “réalistes”.

D’ailleurs, si Fernando Alonso n’a jamais reçu de proposition ferme de la part de Ferrari ou Mercedes, ces dernières années, la raison semble toute trouvée. Deux pilotes avec des statuts strictement identiques, nous avons déjà observé le résultat par le passé, qu’il s’agisse du duo Prost/Senna chez Mclaren ou, une nouvelle fois, du tandem Hamilton/Rosberg chez Mercedes.

Alors, oui, Kimi et Valtteri sont aussi, objectivement, moins performants mais surtout, moins constants que leurs coéquipiers. Aspect des choses qui les conforte presque naturellement dans leur statut de “faire-valoir”. Rôle ingrat ? Probablement. Mais Bottas comme Raikkonen ont au moins une satisfaction, celle de piloter pour les meilleures équipes du plateau et de se battre à chaque course pour le podium (voire, la victoire…). De nombreux autres pilotes signeraient de suite pour de tels résultats, malgré ce “statut” de second couteau. Demandez-donc aux Barrichello, Massa, Webber et autre Coulthard s’ils regrettent, ne serait-ce qu’une seconde, leur palmarès, acquis aux côtés de coéquipiers dominateurs.

Raikkonen et Bottas, pas si naïfs que cela !?

Pour conclure et afin de répondre à la question posée dans notre titre, oui, Raikkonen et Bottas semblent payer le prix fort pour leur trop grande docilité. Mais pour prendre le problème à l’envers, sans cette “docilité”, l’un comme l’autre ne seraient probablement pas en place dans les meilleures équipes du monde. Chose qu’ils ont, très certainement, parfaitement intégré…

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