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Interview Konstantin Kostenarov: “Le rôle de Ducati évolue”

Konstantin Kostenarov devant un cadre Ducati au musée de la marque

Directeur de la technologie chez Ducati, Konstantin Kostenarov est revenu pour nous sur le rôle de plus en plus important de l’électronique en moto lors des NetApp Racebred Data Days. Une donnée changeant le rôle de la marque, en compétition comme sur les routes de tous les jours.

LMSA: Pourquoi Ducati a choisi de faire confiance à NetApp?

Il y a différentes raisons qui nous ont fait faire confiance à NetApp. Premièrement, nous devions complètement revoir notre centre de données. Nous n’avions pas de possibilité d’augmenter notre capacité de stockage, et en cas de problème, nous ne pouvions récupérer nos données. Notre infrastructure était vieillissante et il nous fallait repenser tout cela. NetApp apportait la bonne technologie, plus rapide, flexible et sûre. Leurs centre de données, les capacités à augmenter notre stockage, tout récupérer en cas de problème nous ont convaincu. Nous avons de meilleurs moyens d’analyser toutes les données que nous récoltons. Il s’agit de la bonne technologie pour aller vite et cela nous permet de rester au sommet.

LMSA: Quelle est la part actuelle de l’électronique en MotoGP chez Ducati?

Il y a 10 ans, les motos n’avaient que très peu d’électronique. Mais aujourd’hui, les MotoGP sont de minis centres de données dont de nombreux côtés mécaniques sont gérés électroniquement. Des systèmes garantissent la sécurité tout en gardant la bonne performance pour gagner une course. Il est très important que l’électronique apporte de nombreuses informations au pilote comme aux analystes. Afin que ces derniers prennent les bonnes décisions. Le but étant, bien entendu, d’aller toujours plus vite.

LMSA: Beaucoup de fans regrettent la présence de l’électronique, quelle est votre position concernant cela? Souhaiteriez-vous revenir à des machines plus basiques?

On peut plus ou moins prends l’exemple de la Formule 1. Bien sûr, il y a plus d’électronique, mais il faut également penser à maintenir le show. Les gens veulent voir une compétition, pas de victoire facile d’un quasi « robot ». Heureusement, en MotoGP, l’humain est prépondérant et l’électronique reste une aide. Les pilotes doivent sentir la moto et c’est encore le cas. Sans cela et avec trop d’électronique, nous n’aurions pas d’impressionnantes glisses à la sortie des virages. Ce qui reste encore parmi les moments les plus plus beaux moments des courses.

LMSA: Quel est le coût de ces équipements? N’avez-vous pas peur qu’à force d’électronique, de capteurs, cela développe une course aux équipements, que toutes les équipes ne pourront suivre?

Le coût spécifique de cette technologie n’est pas si conséquent. Le plus important est d’avoir les bonnes connaissances sur comment l’utiliser. Nous regardons notamment la capacité de notre fournisseur à pourvoir une technologie que l’on peut utiliser sans connaissances spécifiques du milieu. En quelques minutes, nos ingénieurs peuvent ainsi démarrer, utiliser et éteindre ces appareils. Si on n’a pas les bonnes connexions ou données pour prendre des décisions, ces technologies sont inutiles. Mais si on a toutes les ressources pour l’utiliser, on peut fournir des bonnes connaissances et le coût est une contrainte secondaire.

LMSA: La société actuelle tend néanmoins de plus en plus vers l’électronisation. A force, en arriveront-nous également à des motos nous conduisant?

Il y a deux aspects. Nous travaillons pour développer une électronique plus efficiente avec de meilleurs services. Mais, nous sommes aussi guidés par les souhaits de nos clients. Nous les écoutons constamment et l’électronique nous aide à développer ce qu’ils veulent sur nos motos. Le rôle de l’électronique sur les prochaines motos sera dicté par la communauté des motards. Donc je pense que l’électronique va s’implanter encore plus, tout en restant une aide. Notamment pour gagner en sécurité avec différents services de communication de véhicules à véhicules, par exemple.

LMSA: Désormais, vous pouvez suivre vos machines et rester en contact permanent avec vos clients. Quel est-ce nouveau rôle pour Ducati?

Le nouveau rôle est de donner une expérience continue à nos clients. Avant, Ducati voulait donner les sensations du MotoGP aux conducteurs de tous les jours. Mais cela évolue. Aujourd’hui, nous sommes là avant même de démarrer la machine et restons après l’avoir éteinte. Nous transformons l’expérience de la conduite en quelque chose de sociétal, une famille Ducati, comme on aime à le dire.

LMSA: Les règles environnementales deviennent également de plus en plus strictes. Quel est l’impact de ces technologies sur la pollution?

Nous avons un programme spécifique qui développe non seulement les bonnes technologies pour consommer mieux en optimisant les moteurs, mais cherche aussi à obtenir les bons produits avec les bons procédés. Nous suivons les lois de manière à implémenter des capteurs pour nous donnant les bonnes données sur comment nos produits fonctionnent. Et utiliser la technologie pour continuellement améliorer le fonctionnement du produit. Aujourd’hui, durant toute la vie de nos modèles, nous faisons de petites améliorations. Et l’un de ses procédés vise à se concentrer sur l’impact environnemental. Pas seulement sur l’impact du moteur, mais directement depuis le début de la conception de la machine à l’usine Ducati.

LMSA: Vous vantez le fait que vous pourrez bientôt savoir si vos machines ont besoin d’être réparées, avant même qu’elles ne tombent en panne. Avec cela, comment va évoluer la relation entre un client et son produit?

Ces systèmes de prédiction de maintenance sont toujours en développement. Pour le moment, nous avons un très bon programme de maintenance basé sur les données récoltées par nos vendeurs, lorsque les motos reviennent au garage. De ces informations, nous travaillons pour être plus prédictifs et spécifiques. Ce que je veux dire, c’est qu’aujourd’hui, lorsque nous devons réparer un modèle suite à une défaillance, nous devons rappeler toutes les motos. Dans le futur, nous espérons viser l’infime partie de machines touchées par le problème spécifique. Une autre chose est que notre maintenance prédictive va devenir une base pour notre garantie, de manière à demander aux clients s’ils veulent des services en plus pour des pièces spéciales. Ces pièces pourront alors être équipées de capteurs seniors spécifiques, que les motos normales n’ont pas, donnant un meilleur suivi et une vie plus longue.

LMSA: Vous parlez également de communication entre véhicules, tout cela passant par le casque, afin d’avertir le motard. Lorsque nous achèterons les motos du futur, devrons-nous aussi prendre le casque spécifique qui va avec?

Non, vous êtes libres et n’aurez pas besoin d’un casque spécifique. Toutes ce que vous présentons est basé sur les technologies actuelles. Cela veut dire que vous pouvez utiliser un casque avec du WiFi ou le Bluetooth. Bien évidemment, nous parions toutefois sur le développement de la 5G dans les années à venir, afin d’être encore plus efficaces.

LMSA: Pensez-vous que ces systèmes de sécurité seront bientôt imposés par les Etats?

Non je ne pense pas. Un exemple, les appels d’urgence sont aujourd’hui obligatoires sur les voitures, pas sur les motos. Néanmoins, nous travaillons de manière à rendre ces évolutions de plus en plus fonctionnelles au cas où elles deviendraient obligatoires. Les Etats peuvent nous demander de maintenir un certain niveau de sécurité et responsabilité, mais je pense que cela n’ira pas jusqu’à imposer toutes les technologies possibles.

LMSA: Avec des contrôle de traction, de wheeling, de freinage, les aides, n’avez-vous au final pas peur que vos clients perdent une certaine habileté à la conduite?

C’est vrai, mais si tous les véhicules ont ces technologies, ce ne sera pas un problème. Ce genre de technologies ouvrent la porte à des gens qui ne pouvaient l’utiliser avant. Avant, certaines machines ne pouvaient être utilisées que par des motards expérimentés, avec un certain niveau. Maintenant, cela est ouvert à plus de clients, toujours avec le même niveau de sécurité et le même feeling. L’électronique permet de prendre quelques risques, suffisants pour s’amuser, sans dépasser la limite.

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