Le Mag Sport Auto

Jourdan Serderidis sublimé à l’Acropole par le soutien de ses fans

Jourdan Serderidis sublimé à l'Acropole par le soutien de ses fans

Il y a quelques jours, Jourdan Serderidis a su échapper aux pièges du Rallye de l’Acropole et terminer 7e de la troisième manche de l’ERC 2018. Il a accepté de répondre à nos questions. Ainsi, nous évoquons avec lui ce Rallye de l’Acropole. Mais aussi des sujets d’actu comme l’éviction de Kris Meeke par Citroën Racing, l’électrique et même le Rallycross !

Jourdan Serderidis, un bonheur partagé avec ses supporters à l’Acropole.

Le Mag Sport Auto : 7e au terme d’un Rallye de l’Acropole difficile et plein d’abandons, c’est un bon résultat. Comment s’est passé votre rallye et êtes vous satisfait de ce résultat ?
Jourdan Serderidis : Oui bien sûr car bien que je me sois inscrit à l’Acropole avec plein d’ambition, ma mine était plutôt déconfite à la vue de l’entry list : 19 R5 dont une quinzaine de pilotes plus rapides, plus expérimentés ou plus spécialistes, je me disais qu’un top 10 était encore faisable mais qu’il faudrait réaliser la course parfaite. Bon, ok, c’est ce que nous avons fait !

LMSA : 19e en 2014, 10e en 2015 et 7e cette année. Une nouvelle preuve de votre progression, non ?
JS : Je ne veux pas trop comparer avec les années 2014 ou 2015. Mais par contre, entre la Catalogne en 2017 et maintenant, j’ai passé non pas une mais plusieurs étapes. Je suis passé de 3-4s/km à 1,49s/km du scratch, ce qui est considérable dans notre sport. La technique est complètement différente, le plaisir au volant est différent, la prise de risque aussi. Fred, mon copilote et coach, peut être fier de son boulot. Il est arrivé à me transformer en quelques années mais c’est surtout sur les 8 derniers mois que le déclic s’est réalisé.

LMSA : Durant tout le week-end vous avez beaucoup communiqué en grec et vous aviez même fait des t-shirts pour vos supporters locaux. Bref, on vous sentait dans une bulle. Cette édition 2018 avait-elle une saveur particulière pour vous ?
JS : J’étais déjà venu il y a 15 jours pour faire un rallye national dans la même région et j’avais déjà été accueilli en héros à cette occasion. Les Grecs sont tout simplement fiers de me voir présenter le drapeau national sur les manches internationales et puis mon titre en WRC trophy en 2017 est une récompense prestigieuse. Autant la presse belge a essayé de minimiser ce titre et a systématiquement diminué le mérite, autant les Grecs sont fiers. Rapide, pas rapide, ils ne s’intéressent pas à cela, ils supportent, tout simplement. C’est une autre mentalité. Il n’y a pas de jalousie, il n’y a pas de rancœur.
Maintenant, je dois avouer que cela m’a vraiment sublimé sur le rallye : tous les drapeaux sur les spéciales, les milliers de supporters qui sont tous derrière toi : c’est un sentiment incroyable. Pour un amateur comme moi, c’est un rêve. Et j’ai donc véritablement bien roulé. J’ai pensé à mon père, j’avais des frissons. Incroyablement fier.

LMSA : Dans la spéciale « Paleohori – Mendenitsa 2 » vous réalisez le 6e temps scratch (votre meilleur temps scratch du week-end) et en même temps vous avez déclaré avoir perdu une vingtaine de secondes car vous étiez aveuglé par la poussière. Paradoxal non ?
JS : Oui, dans les 10 derniers kilomètres, la descente était très sinueuse et la poussière de Erdi restait collée au sol, sans vent. On était presque à l’arrêt alors que j’avais poussé comme un malade au début de la spéciale. J’étais déchaîné. Et c’était pourtant la spéciale la plus cassante et selon moi la plus difficile car il y avait aussi plusieurs changements de rythme et des surfaces plus ou moins glissantes ou cassantes. Beaucoup de vertical aussi. Le 6è temps, oui, c’est pas mal mais le samedi soir, il y avait déjà eu pas mal de déchets. Une des clés de notre performance est le choix et la gestion des pneus. Notre ingénieur, Jérémy Chevallereau, n’’est pas étranger au succès…

LMSA : Si vous ne deviez retenir qu’une spéciale, laquelle serait-ce ? Et pourquoi ?
JS : Ma spéciale préférée était sans conteste Drossohori. C’est là que j’ai fait la différence par rapport à mes concurrents directs. J’avais déjà dit en recco à Fred que ce serait ma spéciale. Très sinueux. Très cassant. Mais je l’aimais, c’est ainsi.

LMSA : Aimeriez-vous revoir l’Acropole en WRC ?
Jourdan Serderidis : Tous les Grecs ont envie de revoir leur rallye au plus haut niveau. Il y a de quoi faire un magnifique évènement. Mais je suis déjà content qu’il soit en ERC.

Un fan avec le t-shirt produit par Jourdan Serderidis pour l’occasion

LMSA : Comme chaque année, les fans semblaient au rendez-vous. Comment vit-on cette ambiance en tant que pilote ?
JS : Comme je l’ai dit, c’est fabuleux de voir autant de monde sur les spéciales, sur toute la spéciale. Il faut rester concentré mais j’ai à plusieurs reprises été interpellé par cette ferveur. C’est inoubliable.

LMSA : C’était votre première sur un rallye terre international avec la Skoda Fabia R5. Quel est votre sentiment après ce rallye ?
JS : La voiture est parfaite. Facile, robuste, rapide. Facile à mettre au point. Facile pour les mécanos. C’est le maître atout dans sa catégorie, à l’heure actuelle.

LMSA : Entre l’ERC et le WRC, quelles sont les principales différences selon vous ?
JS : Ce qui me plaît dans le ERC, c’est le fait que nous soyons tous équipés d’un matériel équivalent (R5). Un autre aspect très positif, c’est la couverture médiatique de EUROSPORT. Ils sont simplement géniaux. Mais évidemment, les meilleurs pilotes du monde sont en WRC…

Vers la fin de carrière de Jourdan Serderidis ?

LMSA : Outre l’Allemagne et l’Australie, allez-vous disputer d’autres rallyes cette saison ? En Grèce peut-être ?;)
Jourdan Serderidis : Non, mon emploi du temps est démentiel, en raison du succès de ma société Arhs. Un petit rallye de préparation (Chevrotines) avant l’Allemagne (avec Fred) et l’apothéose avec l’Australie (probablement avec Lara Vanneste). Pour 2019, je ferai certainement le Mexique et je pense que je pourrais terminer ma carrière avec l’Acropole.

LMSA : Kris Meeke a été remercié par Citroën Racing suite à ses nombreuses sorties. Quel est votre avis sur le sujet et sur le fils spirituel de Colin McRae ?
JS : Tout le monde sait que j’adore Kris. Je ne connais pas le contexte de sa mise à l’écart et des discussions après chaque rallye. J’ai eu une petite discussion avec lui en Pologne en 2017 lorsqu’il est venu faire les reccos (il était suspendu par Citroen). Je peux juste dire que c’est une personne très sensible mais aussi un VRAI grand champion. La race des champions. Il mérite encore une chance. J’en suis persuadé.

LMSA : Certaines rumeurs évoquent le fait que le J-Motorsport alignerait Kris Meeke au Rallye d’Ypres 2018, est-ce vrai ?
JS : Non, invention totale. Nos 3 voitures sont louées (C3 Demaerschalk, Skoda: D. Vanneste et R. Maes). J’apprécie beaucoup Kris mais je pense que d’autres l’aideront mieux que moi dans le futur. Cependant, on a encore une Skoda à la location pour le Condroz ! 😉

LMSA : L’électrique est au centre des conversations en ce moment. Que pensez-vous de ce sujet ? Imaginez-vous que le rallye puisse passer à l’électrique à l’instar du Rallycross en 2020 ?
JS : Je ne veux pas entendre parler d’électrique. Dans ma société, nous avons 500 voitures et il n’y a pas une seule électrique et il n’y en aura pas. Quand on me parle d’électrique, je pense aux conducteurs de Tesla qui roulent à 85km/h sur l’autoroute en se demandant s’ils vont arriver à destination et dans ce cas favorable, combien de temps ils devront attendre pour recharger. L’électrique, c’est une ineptie. Une connerie politique, faussement écologique (les batteries polluent plus qu’un moteur à essence). Je veux bien accepter les petites citadines électriques. Mais en rallye, c’est une blague ou quoi ?

LMSA : A propos de Rallycross, seriez-vous intéressé d’essayer ce sport ?
JS : Non, cela ne me tente pas. Je suis passionné par le rallye qui est un sport plus complet, plus sophistiqué et plus intense. C’est mon avis. Je comprends que le Rallycross soit spectaculaire mais cela ne m’attire pas.

Une fois de plus, nous remercions Jourdan Serderidis pour ses réponses. N’oubliez pas, sa biographie est toujours disponible à la vente, sur Amazon !

Critique, WRC Trophy « La Grecquification 2.0 » par Jourdan Serderidis

 

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *