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Monte Carlo 2014 : Interview de Jourdan Serderidis

Nous vous en parlions l’an dernier, Jourdan Serderidis est un passionné de rallye qui a décidé de se lancer dans l’aventure du WRC-2 avec une Ford Fiesta R5 pour la saison 2014. Avec Frederic Miclotte il a fondé le J-MotorSport pour prendre part à cette expérience unique. Nous avons eu l’occasion de l’interroger suite à sa toute première épreuve officielle comme compétiteur du WRC-2, le mythique Rallye de Monte Carlo, entretien :

jourdanserderidis_montecarlo2014

LeMagSportAuto : 31e et à l’arrivée, pour une première au Monte-Carlo, c’est plutôt pas mal ?

Jourdan Serderidis : Oui et non : oui parce que les conditions étaient difficiles, que je n’avais aucune expérience dans le choix des pneus WRC tarmac, et que l’on était 58è après la SS1…
Non parce que la voiture vaut beaucoup mieux que cela et que ma vitesse de pointe aurait dû me placer vers la 20è place sans ce début catastrophique.

Comment avez-vous vécu ce Rallye de Monte-Carlo ?

JS : Après la SS5, je me suis demandé s’il ne valait pas mieux garer ma voiture et rentrer chez moi. A partir de la SS8, pour ce qui reste une énigme chez moi, la confiance est revenue dans Sélonnet et j’ai commencé à prendre du plaisir de manière croissante. J’imagine que cela s’explique par le peu de roulage et d’expérience que je peux revendiquer à l’heure actuelle…

Quelles étaient vos sensations au volant sur un terrain aussi difficile que celui du Monte-Carl’ ?

JS :Quand on n’a pas la maîtrise du train avant, il est impossible d’attaquer. On est sur la défensive et on est paralysé. Par la suite, une fois le setup amélioré, le plaisir de rouler en montagne a pris le dessus. C’est même extrêmement grisant.

Beaucoup de spectateurs et de gens ont trouvé l’annulation de l’ES14 inadmissible, qu’en avez-vous pensé ?

JS :J’ai vu le départ d’Ogier (5 voitures devant moi) qui était une véritable catapulte. On n’a jamais imaginé que l’étape était neutralisée : on a donc roulé comme une SS normale. De toutes manières, notre temps en liaison pour la SS15 était réduit et on devait encore changer 2 pneus. On est arrivé dans la minute au pointage de la SS15 ! On a eu la confirmation de l’annulation de la 14 après le finish de la 15…

Quel est votre meilleur souvenir de ce 82e Monte-Carlo ? Et le moins bon ?

JS : Le meilleur : mon 17è temps scratch dans la SS13. Cela devrait au moins prouver aux spécialistes ce que je suis capable de faire, sur un profil tout en trajectoires…
Le pire : le premier run du shakedown avec un véhicule inconduisible. Le team était inquiet et cela ne met pas en confiance.

Vous avez la chance de rouler en Fiesta R5, que pensez-vous de cette auto ? Pensez-vous que les R5 domineront le WRC-2 ne laissant que des miettes aux S2000 ?

JS :La Ford Fiesta R5 est une voiture fantastique, génialement conçue. On est à la fois capable de réaliser des temps solides et appréhender un véhicule de pointe très vite (accessibilité, souplesse). Selon moi, la différence avec une S2000 est moins importante que celle de deux talents distincts. En clair, un meilleur pilote en S2000 sera encore devant, selon moi. Mais j’ai le sentiment que chaque pilote souhaite maintenant rouler avec cette moderne R5. Elle est d’ailleurs moins chère à faire rouler.

Vous avez pu piloter une Fiesta S2000, une Fiesta WRC et donc une R5, laquelle des trois est la plus facile à prendre en mains selon vous ?

JS :C’est une très bonne question. La plus difficile, c’est la S2000 qu’il convient de garder très haut dans les tours. Mais la WRC est une voiture incroyable. C’est celle que je préfère. Dans les virages, il suffit de mettre les gaz et regarder où on veut aller et la voiture s’inscrit. Je vais donc surprendre certains mais la WRC est de très loin la plus facile. Et aussi la plus performante, mais ça, c’est une évidence.

Actuellement 6e du championnat WRC-2, quels sont vos objectifs pour cette saison ?

JS :Il faut bien comprendre que je suis un vrai novice, avec une très petite culture de sport moteur (voire même inexistante, j’ai joué au football jusqu’à 48 ans). Donc, à priori, sur des terrains très nouveaux et très différents, je n’ai aucune chance contre tous les pilotes WRC-2. Au départ d’ailleurs, je me suis imaginé que plusieurs jeunes pilotes d’usine viendraient se faire les dents dans le championnat, comme Elfyn Evans ou Robert Kubica l’année passée. Ce sont des pilotes professionnels, qui sont tous les jours dans le baquet. Même si j’avais un gros talent, il serait impossible de rivaliser.
Maintenant, il apparaît que la compétition est composée d’un mélange de genres : des semi-pros, des rapides privés (et expérimentés) et d’autres pros qui ne peuvent pas rouler pour une usine. Quand on voit que pour la Suède, Ketomaa et Kruuda seront aussi de la partie, je ne me fais plus aucune illusion : on va être très loin. Et je ne parle même pas de Grondal ou Ahlin qui sont de vrais spécialistes.
Donc, pour la Suède, je serai déjà content avec 1 ou 2 points.
Au total, si je peux prendre 50 points sur la saison, ce sera une très grande réussite. Et beaucoup d’expérience emmagasinée. Globalement, j’imagine que je ne serai pas exactement le même pilote fin 2014 qu’aujourdhui.

Qui est ou qui sont votre/vos principal(aux) adversaire(s) pour cette saison 2014 ?

JS : Si Ketomaa fait tout le programme WRC-2, il sera vraiment très dur à battre. Youri Protasov a maintenant beaucoup d’expérience et me semble très relax. Bertelli est un peu dans le même cas. Il faut voir aussi comment Peugeot veut amener sa T16 sur le WRC. Cela reste une inconnue.
Mais mon véritable adversaire, c’est moi-même. Faire du rallye quand on est en confiance, c’est un plaisir fabuleux…

Jourdan Serderidis et sa copilote Morgane Rose

Jourdan Serderidis et sa copilote Morgane Rose

Nous remercions Jourdan Serderidis pour sa gentillesse et le temps qu’il nous a accordé. Et bravo à lui pour avoir su rallier l’arrivée de ce 82e Rallye Monte-Carlo !

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