Le Mag Sport Auto

Williams F1 : la fin d’un règne, d’une histoire, d’une légende…

williams

Au soir de cet incroyable et merveilleux Grand Prix d’Italie, cette fois Claire Williams et son père Sir Franck ont laissé les clefs du Camion. La vente de « Williams Grand Prix Engineering » au fond d’investissement au fond d’investissement américain Dorilton Capital, le mois dernier ne laissait guère de doute, la famille allait perdre le contrôle de l’écurie fondée en 1977 par Sir Franck Williams et Patrick Head.

L’issue était elle inéluctable ?

Oui et non… Seule écurie « familiale » encore en piste en 2020, l’équipe Williams était une équipe dont les activités tournaient essentiellement autour de l’écurie de course. Il y avait certes une équipe d’ingénierie dont les technologies étaient fournies à la Formule E, néanmoins, au contraire de McLaren, Williams Grand Prix était surtout connue avec l’écurie de course. McLaren Cars fut fondée en 1989 par Ron Dennis, pour une présentation de la F1 de route en 1993, voiture imaginée par Gordon Murray et victorieuse au Mans en 1995

Rien de tout cela chez Williams, hormis une implication victorieuse au Mans en 1999 avec BMW, l’activité de Williams était centré sur la Formule 1

La lente agonie de Williams Racing ne date pas d’hier, elle a des origines bien lointaines… Malgré ses 9 titres mondiaux, Williams n’a jamais vraiment vécu de relations au beau fixe avec ses partenaires motoristes.

Lorsqu’en 1983, Franck Williams délaisse le désuet Ford Cosworth DFV au profit du Honda V6 turbo, Williams n’a pas été capable de conserver son motoriste en raison de divergences techniques. Honda se jetant dans les bars de McLaren pour la saison 1988, et les résultats que l’on sait : 15 victoire sur 16 possibles, en 1988.

Williams devra patienter avec Judd en 1988, le temps que la cellule de veille de Renault n’arrive enfin sur les Grand Prix avec son V10 atmosphérique, qui comme le V6 en son temps, allait révolutionner la discipline avec son architecture inédite en V de 72°.

L’âge d’or de Williams Grand Prix : le Losange…

De 1989 à 1997, commence la période la plus idyllique de l’équipe britannique avec un motoriste, des victoires avec Boutsen et Patrese avant que l’association anglo-française n’écrase la concurrence, : la FW14B et la FW15 aux mains de Mansell et Prost offrent pour la première fois au constructeur tricolore, ses tous premiers titres mondiaux. Le drame d’Imola, et le décès d’Ayrton Senna, n’allait pas stopper la marche en avant de l’écurie, Mansell rappelé au côtés de Coulthard et Hill, ils rapportent tous trois au team anglais une nouvelle couronne mondiale, puis trois autres en 1995, 1996 et 1997.

Cette dynamique allait pourtant s’interrompre subitement:1997 sera le chant du cygne, plus aucun titre mondial ne sera remporté par Williams. Renault annonçant son retrait de la discipline au motif de « la banalisation de la victoire ». C’est Mécachrome sous-traitant du Losange qui prend le relais avec le moteur GC37-01 émanation du Renault RS9. Le moteur n’étant plus développé mais uniquement exploité, Williams se met en recherche d’un nouveau partenaire motoriste : Peugeot approché, le Lion préférant s’associer avec Prost, Williams obtiendra un statut d’équipe de développement pour la saison 2000 avec BMW. Il faudra en attendant patienter avec Mecachrome et Supertec pour les saisons 1998 et 1999.

BMW, une tentative de rachat avortée

Si les résultats suivent sur la piste pour ce nouveau partenariat avec son nouveau motoriste, 10 victoires entre 2000 et 2005, en revanche, les relations sont loin d’être idylliques entre Williams et BMW. A l’instar du groupe Daimler, BMW souhaite entrer au capital de l’écurie afin d’y prendre à terme le contrôle. La dénomination de léquipe à cette époque était bien « BMW Williams F1 Team »

La relation se terminera avec pertes et fracas, BMW abandonnant son partenaire pour acheter l’écurie suisse Sauber. A l’issue de cette saison 2005, jamais plus Williams ne sera une équipe de développement pour un constructeur. Et lorsque commence à apparaître une valse des moteurs dans une monoplace, une instabilité technique suit, avant que ne commence la descente aux enfers…

   

La valse des motoristes, cela ne présage jamais rien de bon…

Cosworth en 2006, puis Toyota durant trois saisons, Cosworth en 2010 et 2011, puis Renault le partenaire historique en 2012 et 2013, enfin Mercedes depuis 2014, rien n’est stable chez Williams… Aucun de ces derniers propulseurs n’étant gratuit, c’est du budget en moins pour la recherche et développement, même équipé du meilleur moteur du plateau.

Votre serviteur le voyait très bien au bord de la piste : A Gilles Villeneuve, circuit connu pour ses freinages, relances et accélérations, la monoplace de 2019 avait un manque criant de couple et de motricité, à l’oeil nu, il se voyait qu’elle faisait clairement défaut sur ces points par rapport aux autres monoplaces et à la référence du plateau : la Mercedes, pourtant dotée du même propulseur !

Une saison qui se solda par un seul point.

Du temps de sa splendeur, il faut savoir que Williams facturait le droit à Renault d’insérer son V10 dans sa monoplace. Les dernières années l’équipe ne se serait jamais permis une telle chose. L’ironie du sort voudra que son ultime victoire en Grand Prix soit justement signée avec son partenaire des temps glorieux : Renault au Grand Prix de Valence avec Pastor Maldonado au volant.

La fin d’une époque : les « garagistes »

Williams a survécu à Brabham, Tyrrell, le Team Lotus, Arrows, Leyton House, Lola durant 40 ans… Elle a résisté à l’arrivée des constructeurs à l’aube des années 2000, cette fois, c’est un nouveau bouleversement du monde des Grand Prix qui se prépare : ne pouvant plus proposer des produits à vocation sportive à cause des directives absurdes de l’Union Européenne et des normes tout aussi absurdes qui en découlent, les constructeurs on réadapté leur communication sur des blasons prestigieux : Ferrari depuis 1950, Mclaren déjà bien installée, Alfa-Roméo depuis l’an dernier, Alpine et Aston-Martin l’an prochain, l’avenir de la Formule 1 passera désormais par des marques de prestige renommées.

Ce nouveau chapitre de l’histoire de la Formule 1 qui se prépare, c’est le dernier bastion de l’époque des « garagistes » qui s’en va, et une longue période de l’histoire de Williams Grand Prix qui se termine.

Le nom va perdurer, l’esprit lui restera imprimé dans les livres consacrés à la mémoire de cette discipline, 70 ans après son commencement.

Bravo et merci Sir Franck !

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *