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Formule 1 : le facteur pneus nuit-il à notre bonne lecture des performances ?

F1

C’est probablement une chose propre à la Formule 1 moderne, d’une saison à l’autre, il est devenu bien compliqué d’analyser et de comparer les pilotes entre eux, y compris au sein d’une même équipe.
Et le lien avec les pneumatiques semble assez naturel. Reste néanmoins à déterminer si une forme de loterie est devenue la règle ou si, au contraire, les meilleurs pilotes s’en sortent toujours mieux que les autres, pour une simple question de talent, donc.

F1 moderne : une hiérarchie partiellement faussée ?

Oui, les analystes ont la vie dure, en Formule 1. Au point qu’il est devenu presque impossible d’établir une hiérarchie viable, à l’heure actuelle, laquelle étant susceptible d’être remise en cause à chaque modification d’un règlement ou de l’introduction d’un inédit mélange de gommes. Des exemples ? Prenons le cas de Sebastian Vettel (alors chez Red Bull) qui, après 4 titres de champion du monde successifs, a subi la loi de celui qui était -à l’époque- un rookie, Daniel Ricciardo. Ainsi, en l’espace de quelques semaines, l’Allemand passait d’un statut de pilote hors norme à celui d’un pilote moyen, incapable de se débrouiller avec une monoplace moins véloce, qui plus est contre un pilote débutant.

Chez Ferrari, dans une moindre mesure, Sebastian avait également été dominé par son coéquipier (Kimi Raikkonen) en 2016, y compris en qualifications. En vitesse pure, tout du moins. Avant, l’année suivante (2017) de le dominer à nouveau (comme en 2015).

Nous pouvons, aussi, évoquer certaines courses en ville (Bahrein, Singapour) cette année et les précédentes, où, au sein d’une même équipe, certains pilotes se sont vus infliger des écarts anormalement élevés par leurs coéquipiers, d’apparence sans raison rationnelle. Nous pourrions, aussi, parler de cette domination de la Scuderia, subitement, en Hongrie en 2016 ou à Singapour, la même année. A l’époque, à l’inverse, les Mercedes avaient connu des problèmes étonnants avec leurs pneumatiques, attirant la suspicion de certains cadres de l’équipe à l’étoile. Mauvaise foi ? Peut-être…ou pas !

Une saison 2018 gouvernée par les gommes ?

Mais sans aller si loin, il suffit de prendre, au hasard, n’importe quel Grand-Prix, pour observer à quel point la gestion des pneumatiques a transfiguré la F1. Obligation de gérer continuellement ses gommes, lesquelles se dégradant vitesse grand V dans l’aspiration d’autres monoplaces. Enfin, la plupart car, si vous prenez Red Bull, en cette fin de saison, les monoplaces autrichiennes semblaient naviguer au-dessus du lot, avec des pneumatiques se tenant en toutes circonstances. Au point de dominer Mercedes et Ferrari sur des circuits clairement défavorables aux autrichiennes. Etrange, non ? D’ailleurs, même chez Red Bull l’étonnement était de mise, comme l’a récemment déclaré Daniel Ricciardo.

Nous pourrions, aussi, évoquer les jantes Mercedes qui, modifiées (avec un effet de refroidissement sur les gommes), ont -semble-t-il- permis aux flèches d’argent de retrouver de leur superbe. Puis, après réclamation et retour à la conception originelle, les allemandes sont soudainement retombées dans leurs travers, avec des résultats (en course) subitement très décevants. Et bien que le lien ne soit pas avéré, il parait clair, une fois encore, que les pneumatiques ont eu un mot à dire dans cette situation.

De manière plus globale, pendant cette saison 2018, la capacité à utiliser ces pneumatiques d’un côté ou de l’autre (Ferrari et/ou Mercedes) a, d’apparence, considérablement influencé les résultats. Même si, au final, Lewis Hamilton aura commis moins d’erreurs que Sebastian Vettel, ce qui justifiait l’obtention de la couronne par le Britannique. Reste que, dans leur immense majorité, les supporters auraient sans doute préféré que les duels se jouent sur d’autres facteurs que celui-ci…Car, qu’on se le dise, une Formule 1 se réduisant à une bataille de pneus perd beaucoup de son côté glamour, surtout lorsque nous parlons de constructeurs tels Ferrari et Mercedes. C’est, tout du moins, notre opinion sur le sujet.

Alors, que se passe-t-il, en Formule 1, avec ces pneus ? La catégorie reine est-elle simplement victime des demandes des pouvoirs sportifs (qui influencent Pirelli afin d’aller dans le sens du spectacle) ? Ce qui est clair, c’est que, selon les années, certains pilotes s’en sortent plus ou moins bien. Cela signifie-t-il pour autant que les meilleurs resteront “devant”, du fait de leur (hypothétique) capacité à s’adapter à un type de pneu, quelle que soient les conditions ? Ou alors, la performance obtenue ne dépend-elle que du style de pilotage de chacun ? A moins que les deux réponses ne soient les bonnes.

Toutefois, le fait d’avoir le sentiment que cette question des pneumatiques prédomine, actuellement, sur celle relative au moteur ou à l’aéro laisse un arrière-goût fort désagréable. Rappelons-nous, il y a quelques années, que sur des circuits rapides comme Monza ou Hockenheim, les moteurs les plus puissants (comme les V12) avaient toujours l’avantage, alors que les V8 s’en sortaient mieux sur les pistes sinueuses. De nos jours, avec une bonne utilisation des gommes, il est quasiment possible d’effacer un handicap de 30 chevaux ou plus. Malgré un aéro taillé pour les tracés lents…

Œuvrer pour une F1 plus “juste” ?

Malgré tout, pour l’heure, difficile de trancher concernant la responsabilité des pneumatiques. Une chose est sûre, un facteur fausse, au moins en partie, les résultats des Grand-Prix. Et si cela vient des pneumatiques, supposés identiques pour tout le monde, il serait peut-être bon de se pencher sur la problématique, afin de rendre cette F1 plus juste. Ou, tout du moins, aussi juste que possible, le facteur “réussite” ayant toujours son mot à dire, paramètre incontrôlable pas l’humain, bien évidemment et, sans doute, heureusement.

D’autant que la Formule 1 s’apprête -à nouveau- à bouleverser son règlement. Chose qui pourrait, encore, réserver des surprises en matière de hiérarchie. Néanmoins, pour terminer sur une note positive et optimiste, il semble évident que, de manière globale, les pilotes les plus talentueux savent se maintenir aux avant-postes une bonne partie de leur carrière. Indépendamment des différentes modifications de règlements. C’est, toutefois, ce à quoi nous avons envie de croire…

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